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dimanche 27 mai 2018 à 16h

Réunion publique « Lutter contre les CRA »

Depuis un an, les Brigades Anti-CRA et Anti-Déportation (BAC et BAD) luttent pour l'abolition des Centres de Rétention Administrative et la fin des déportations des assigné.e.s migrant.e.s et sans-papiers.

Ces brigades se sont formées suite à un appel du collectif La Chapelle Debout ! le 18 mai 2017, un appel à ne pas en rester là, un appel à l'action efficace et au combat pour une armée de gens ordinaires qui savent que l'eau monte, qui veulent agir et dire
« nous sommes personnes, nous sommes tout le monde ».

L'enjeu est simple, créer ensemble un cadre d'action qui puisse court-circuiter le coeur d'une gestion migratoire raciste, le maintien à la rue et dans la précarité sociale et politique, l'enfermement et la déportation.

L'État français, dans la continuité coloniale et dans la logique d'une politique post-coloniale, irrégularise pour pouvoir enfermer et déporter toutes celles et ceux qui n'ont commis d'autres délits que de naître dans le mauvais pays et d'être présent.e ici. Nous avons identifié la triade rafle-rétention-déportation comme un mécanisme central de la violence d'Etat et du racisme qui touche particulièrement les migrant.e.s.

Aussi, l'action des Brigades a eu pour enjeu essentiel de rendre visible ce qui se trame dans l'ombre des murs de la rétention autant qu'au fond des avions Air France, Turkish Airlines, Qatar Airways, Éthiopian Airlines, Scandinavian Airlines, Egyptair… Il s'agit de politiser cette problématique qui est seulement abordée sous l'angle de «la gestion de flux». Il s'agit d'affirmer que la rétention fait pleinement partie d'un système carcéral dont nous dénonçons l'existence même. Le CRA est une prison pour étranger.e.s, une prison qui ne dit pas son nom, et qui est devenue une réalité banale en France.

Mais dénoncer ne suffit pas, c'est par des actes de résistance que les zones de violence camouflées derrières les grilles des prisons et au fond des avions peuvent devenir des scènes de combats politiques.

Les premières actions de la BAC et de la BAD consistent dans la visite des retenu.e.s aux parloirs, notamment au Mesnil-Amelot, à Vincennes et à la Cité, non seulement pour créer des liens et soutenir celles et ceux que l'on enferme, mais aussi pour préparer des actions de blocage des déportations. Ces «actions aéroport» consistent à mettre en place les conditions pour que les déportables descendent de l'avion avant qu'il ne
décolle. Ce fut une victoire dans près de 80% des cas.

Des victoires parce que les personnes descendent de l'avion, mais des victoires, aussi, parce que le système s'est enraillé, que les vols avaient plus de 3H de retard. Des victoires parce que des gens se sont levés et ont vu les violences, les ont filmé, nous ont écrit après, modifiés, parce que des membres des équipages se sont manifesté.e.s, parce que des hommes et des femmes soumis.e.s à la violence ont trouvé la force de s'opposer parce que plus seul.e. Des victoires parfois amères, certes éphémères, mais qu'importe, nous ne sommes pas des sauveur.euse.s blanc.che.s ni des comptables de la « déportation ». L'important c'est que nous soyons de plus en plus nombreuses et nombreux à alerter, à agir, à nous lever pour aller voir à l'arrière des avions, à rester éveillé.e.s, parce qu'il est encore temps.

Nous ne cherchons pas seulement à bloquer le dernier rouage du système qu'est la déportation. De la multiplication des cas particuliers, nous sommes passés au traitement d'un problème politique. Nous nous rendons solidaires de toute forme de résistance au sein des Centres de Rétention, en apportant un soutien actif. Nous avons plusieurs fois manifesté et organisé des parloirs sauvages devant les Centres pour faire écho, à l'extérieur, de ce qui se joue à l'intérieur. Nous donnons la possibilité aux retenu.e.s d'avoir une parole politique sur le site InfoCRA en publiant et colportant leurs textes et propos.

Notre objectif est la fermeture des Centres de Rétention et nous estimons que nous ne pouvons l'atteindre que par une solidarité active envers les retenu.e.s et leurs actes de résistance. Aussi, nous appelons à une réunion publique pour constituer un groupe suffisamment fort pour lutter contre la rétention: visites, actions aéroport, manifestations et parloirs sauvages.

Pendant l'été des rafles parisiennes, en 2016, les personnes qui vivaient dans des tentes sur le quai de Valmy, en face du Point Ephémère et de ses nuits de fête, nous disaient : « N'ont-ils pas honte de boire en terrasse de l'autre côté du canal, quand on nous frappe, nous affame, nous vole ou détruit nos tentes ?». Quelques mois plus tard, était organisée une assemblée générale de lutte dans ce même Point. Le lieu était alors ouvert, par celleux qui en étaient un lointain public indésirable. On s'était dit : «On reviendra pour une prochaine AG».

Aujourd'hui, et depuis cet hiver, les tentes se montent, toutes proches, elles tordent à nouveau le décor en triangle du quartier que la Mairie et la préfecture de Paris s'efforcent depuis au moins 3 ans de neutraliser : de France Trottoir d'Asile, en passant par les terrasses, aux campements de rue. Mais il n'existe pas de telle neutralité dans un quartier où la chasse aux migrants a été un prétexte au «réaménagement urbain» et où les raisons humanitaires ont servi de blanc seing au racisme ganté et casqué et aux petites cabanes de Noël Avenue de Flandres. C'est pour cela que depuis cet hiver, le Point Ephémère ouvre ses portes à celleux dans la rue pour la journée. Et c'est pour cela que nous nous en saisissons le temps d'une après midi avec l'ambition d'y marquer une nouvelle étape dans l'organisation de la lutte, depuis la Villette, Jaurès ou la Chapelle.

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/62506
Source : https://www.facebook.com/events/1938337869574…
Source : message reçu le 21 mai 10h