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samedi 29 juillet 2017 à 18h

Expo photo/apéro concert

Décrochage de l'expo "2 étés 3 hivers" du photographe Talion'h Kaärd (kaard-en-montreal.blogspot.com) sur son (long) séjour dans la Belle Province qu'il présente ainsi :

"Je n'ai jamais pris de médicament pour leurs qualités principales. Ce qui fait d'eux des béquilles chimiques, des rembarres de sécurité. Des auxiliaires de vie moderne. Ce pourquoi le pharmacien est gentil lorsqu'il vous emballe vos paquets colorés qui sentent bon le carton neuf car vous avez la posture de la victime malade et que lui, non.
Pas une seule fois en ayant eu mal au crâne je n'ai pris de Doliprane. Encore moins d'Ibuprophène en cas de fièvre. Tout petit déjà, si je me coupais je laissais pisser la plaie et regardais, passablement hypnotisé, ce jus consommable par la terre s'échapper de moi.
Pourtant j'ai été assidu à la maladie et enrichi plus que de raison mon docteur. Mon pharmacien. Mon fabricant de médicaments. Et tout le merchandising inhérent et particulièrement anxiolytique : un pilulier, trois verres doseurs, un calendrier perpétuel spécialisé dans l'éducation thérapeutique et téléchargé directement dans ma Cérébra, sept seringues hypodermiques par semaine, dix-huit litres de liquide physiopsychiatrique par mois, sept cent cinquante-quatre heures d'écoutes médicales à télécharger légalement sur la plateforme Sound Of The Toubib.
Car, malgré les apparences, j'étais adepte de la maladie chronique. Non par souci d'économie, bien que ce fut plus facile à budgétiser mes soins dans un contexte de régression sociale. Mais je dois bien avouer qu'il m'était plus facile de planifier mes soins dans le temps. Ce qui, malade imaginaire mais diligent que j'étais, m'aidait beaucoup dans mon quotidien.

Car au risque de faire peur, si durant ces quarante dernières années j'ai consommé méthodiquement, scrupuleusement, les doses prescrites avec amabilité par le docteur, c'est pour leurs effets secondaires. Cette longue liste magique qui recense toutes les aptitudes du corps à ne plus nous appartenir. Il n'est même plus notre véhicule. Notre forteresse. Notre intimité. Il n'est que tremblements involontaires et perceptions tronqués. Ramassis d'organes sans lien ni douleur.

Je pouvais alors marcher. Déambuler. Observer. M'éloigner de moi par ces pas qui portaient une autre personne. Nous marchions côte à côte et pourtant toujours nous nous perdions, enfin, de vue.
Libre à moi de faire ce que je voulais, alors je photographiais. Les murs. Les gens. Les murs et les gens.

Ces deux étés et ces trois hivers, j'étais à Montréal.

Talion'h Kaärd"

Dès 18 heures, venez discuter avec l'auteur sur son travail... entrée libre évidemment

A partir de 19h/19h30, apéro-concert avec Mymytchell (https://www.facebook.com/mymytchell/).

Lien : https://toulouse.demosphere.net/rv/15719
Source : message reçu le 20 juillet 11h